La déchéance d’une Nation

Les États-Unis sont à la fois la plus grande puissance financière et militaire mondiale et un colosse aux pieds d’argile. Selon une expression qui a son origine dans la Bible et qui évoque une puissance qui bien que paraissant invulnérable repose sur une base fragile. Cette fragilité provient d’une histoire marquée par des épisodes de désunion, au premier rang desquels figure la Guerre de Sécession. 

Supérieures à la précédente élection, les dizaines de millions de voix obtenues par Donald Trump, vainqueur ou vaincu de la présidentielle, expriment une polarisation extrême au sein de la société américaine qui n’est pas prête de disparaitre. Chaque camp vote plus contre son adversaire que pour son candidat. 

Donald Trump divise la société en soufflant sur des braises qui ne demandent qu’à être attisées. Les américains sont divisés sur leur conception de la nation, ses valeurs comme ses mythes fondateurs, ils interprétent différemment l’histoire du pays et voient autrement son avenir, s’organisant en communautés antagonistes. Des plaies béantes ont été révélées au grand jour, comment revenir sur cette désunion qui oppose des États ruraux aux grandes agglomérations sur la carte électorale ? Le complotisme s’épanouit, la violence a trouvé sa justification au sein d’une société où elle était déjà omniprésente, la tentation de sécessions est ravivée. La permanence d’une nation unifiée est un mythe avec comme fragile rempart une Constitution dont les interprétations varient. 

L’attachement aux valeurs familiales traditionnelles, la montée en puissance des églises évangéliques, les sujets du féminisme et de l’avortement ainsi que des droits des homosexuels et la sacro-sainte possession des armes à feu qui remonte à loin, tout s’est renforcé. Le déni du réchauffement climatique est venu s’y ajouter. Au final, le slogan de Donald Trump « Make America Great Again » renvoie à une Amérique mythique tout en s’étant révélé être un slogan mobilisateur.

Comment Joe Biden, s’il est élu, pourra-t-il gouverner le pays dans de telles conditions, Donald Trump étant pour sa part décidé à continuer de  jouer la politique du pire avec la complicité de la Cour Suprême, s’il y parvient ? C’en est fait en tout cas la fin du rêve américain pour ceux qui l’ont partagé, mais l’avenir est sombre.

7 réponses sur “La déchéance d’une Nation”

  1. « Comment Joe Biden, s’il est élu, pourra-t-il gouverner le pays dans de telles conditions »

    Surtout avec un Sénat républicain qui peut retarder voire bloquer beaucoup de réformes et ainsi permettre à Trump de se représenter en 2024 plus revanchard que jamais.

  2. Cher François,
    Ton analyse est trés valable mais il ne faut pas oublier que les Etats Unis sont une très grande nation qui a déjà vaincu bien des défis. En fait c´est presque tout le globe qui est divisé sur les questions que tu cites. Amitiés et saudades! Daniel Fresco

  3. Cher François, j´ai essayé de te laisser un commentaire sur ton très bon article La déchéance d´une Nation. Je ne sais pas si le site l´a enregistré, alors je le répète: nous ne pouvons pas oublier que les Etats Unis sont une très grande nation qui a déjà vaincu bien des défis. Et je pense que la division actuelle sur les questions que tu cites se retrouve dans beaucoup de pays. Amitiés et saudades! Daniel

  4. Il faut noter que si les sondages permettent effectivement de donner des tendances, il y a un fait crucial qui apparaît ce jour : ils ont sans doute induit en erreur les Démocrates par une sous-estimation dramatique du trumpisme et son immense succès populaire (homogène + des gens en armes).
    On disait que sa base (toujours fidèle quelque soit les saloperies du personnage) était autour de 40 %. C’était faux !
    Non, on sait concrètement qu’il a gagné des millions d’électeurs avec cette mobilisation, qu’il approche les 70 millions avec près de 48 % !
    C’était une stupidité et elle est payée cher puisque il y a ce chaos dangereux !
    Croire bêtement aux sondages revient souvent à prendre ses désirs pour des réalités … (à bon entendeur, salut!)

  5. Bonjour monsieur Leclerc,

    C’est toute l’ironie de l’affaire, comme vous le soulignez, qu’elle s’effondre par là-même où certains ont mythiquement voulu la voir naître…

    Bonne soirée !

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